Suite et fin de mon projet de recherche avec la synthèse de la problématique et quelques orientations bibliographiques. Pour compléter sur le sujet, je vous conseille de visiter Muzeonum, un wiki consacré au numérique pour les musées, développé par Omer Pesquer et auquel je participe. J’ai renoncé à indiquer ma méthodologie, mais elle est disponible sur demande, de même que l’intégralité de mon projet.
Synthèse de la problématique
Les différentes questions suscitées par les exemples précédemment cités peuvent être regroupées autour de cinq grandes problématiques :
- Qu’est-ce qui motive les musées pour s’investir dans ces outils ? Pourquoi les musées s’intéressent aux plateformes sociales ? Est-ce pour fidéliser un public ou répondre à l’engouement actuel autour de ces outils ? Permettent-ils aux institutions culturelles de proposer de nouveaux contenus qui viendront compléter la médiation traditionnelle ?
- Justement, en quoi cette « médiation 2.0 » diffère-t-elle des techniques de médiation traditionnelle devant les œuvres ? Qu’apporte-t-elle de plus ? Sont-elles complémentaires ou au contraire, opposées ?
- De la médiation devant les œuvres à une médiation dématérialisée : comment ces outils, ces pratiques modifient-elles la visite ? Viennent-elles modifier les rapports entre la visite physique du musée et son prolongement en dehors du l’espace muséal ? Y a-t-il un risque pour les visiteurs de se détourner des collections ? Un musée numérique peut-il remplacer le musée physique ?
- En terme de contenu, qu’est-ce qui change pour les musées, pour les conservateurs, pour les directions scientifiques, pour les services des publics ? Pour les visiteurs, ces médias sont-ils uniquement destinés à évaluer leur visite sur le mode j’aime/j’aime pas ? Comment les musées peuvent-ils tirer partie de ces outils pour enrichir leur offre culturelle ? Comment évaluer la qualité des contenus ? Leur efficacité sur les publics ? Comment établir les critères de cette efficacité ? Comment intégrer les apports potentiels d’initiatives extérieures au musée, mais qui proposent de véritables enrichissements pour le musée ?
- Ces nouveaux outils et ces nouvelles pratiques posent aussi des questions techniques en terme de faisabilité : combien coûte le musée participatif ? Que change-t-il en matière d’organisation interne ? Comment proposer un « musée 2.0 » aux visiteurs quand les outils numériques ne font pas partie du quotidien de ses employés ?
Bibliographie suggérée
- La muséologie selon Georges-Henri Rivière, Dunod 1989.
- BENSASSI Meriam, Musée 2.0 : de l’entrée du musée dans les réseaux à la remise en cause du public, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, UFR Histoire de l’Art et Archéologie, mémoire de master 2, sous la direction de M. Dominique POULOT, juin 2008.
- BERGERON Yves (dir.), Musées et muséologie, nouvelles frontières. Essais sur les tendances, MCQ & SMQ, 2005.
- BOULLIER Dominique, CHARLIER Catherine, « À chacun son Internet. Enquête sur des usages ordinaires. », In : Réseaux, volume 15, n°86, 1997.
- CARDON Dominique, « Le design de la visibilité : un essai de cartographie du Web 2.0 », In : Réseaux 2008, volume 26, n°152, La Découverte, p 93-137.
- CHAUMIER Serge, Des musées en quête d’identité. Écomusée versus technomusées. L’Harmattan, 2003.
- COUILLARD Noémie, Présence muséale dans le « web social » : enjeux, pratiques et effets, École du Louvre, mémoire de recherche 2ère année de 2ème cycle, sous la direction de Mme Jacqueline EIDELMAN, septembre 2010.
- DAVALLON Jean (édit.), Stratégies de communication et médiation symbolique, L’Harmattan, 1999.
- DELOCHE Bernard, Le musée virtuel, vers une éthique des nouvelles images, PUF, 2001.
- DUFRESNE-TASSÉ Colette (édit.), Évaluation et éducation muséale : nouvelles tendances, ICOM-CECA, 1998.
- GALLUZZI Paolo, « Les nouvelles technologies et l’éducation hors les murs », In : GALARD J. (édit.) Le regard instruit, La documentation française, 2000, p. 129-144.
- JUTANT Camille, GUYOT Aude et GENTES Annie, « Visiteur ou joueur ? Les multiples facettes de la technologie RFID », In : La Lettre de l’OCIM, n°125, septembre-octobre 2009.
- JOHNSON L., WITCHEY H., SMITH R., LEVINE A., et HAYWOOD K., The 2010 Horizon Report: Museum Edition. The New Media Consortium, Austin, Texas, 2010.
- McGONIGAL Jane, Reality is broken, Why Games Make Us Better and How They Can Change the World, Penguin Press, janvier 2011.
- SIMON Nina, The Participatory Museum, Museum 2.0, mars 2010.
- SCHIELE Bernard, KOSTER Emlyn H. (édit.), La révolution des la muséologie des sciences, vers les musées du XXI° siècle ?, éditions Multimondes, 1998.
- TALLON Loic, WALKER Kevin, Digital Technologies and the Museum Experience: Handheld Guides and Other Media, AltaMira Press, août 2008.
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Bonjour,
je réalise un mémoire sur les statuts des artistes dans les arts numériques, et un second travail sur les tablettes numériques dans les musées.
Je me demandais si , de plus en plus, il ne va pas y avoir un mélange entre la création et la médiation, les artistes de ce domaine intégrant par la-même de la médiation ?
Car comment faire de la médiation numérique sur une œuvre déjà interactive ?
Les médiateurs et développeurs d’applications pour la médiation numérique ne vont-ils pas avoir tendance de plus en plus à accompagner, voire remplacer l’œuvre ?
Merci de votre attention,
bien cordialement,
Manda’
Bonjour Manda,
Merci de votre commentaire. En ce qui concerne vos questions, il faut bien veiller à ne pas mélanger médiation et support des oeuvres elles-mêmes. La médiation utilise bien des supports, des plus “traditionnels” comme des dépliants papier, des cartels et des panneaux à proximité des oeuvres, au plus “technologiques” comme les écrans, les terminaux portables, etc, en passant par la médiation “humaine”. En ce sens, le numérique n’est qu’un outil parmi d’autres, qui a ses spécificités, mais dont la mission diffère peu des précédents : aider le visiteur à comprendre, interpréter, s’approprier et, éventuellement, apprécier les oeuvres.
Mais lorsque vous parlez d’artistes utilisant le numérique dans le cadre de leur production artistique, c’est tout autre chose. Les artistes peuvent utiliser aujourd’hui les outils numériques, mais ça n’est pas spécialement nouveaux, ils ont toujours utilisé les outils de leur époque. Or, même si on peut faire de la médiation avec, par exemple, des applications mobiles, il est toujours possible d’utiliser des outils “traditionnels” pour communiquer et expliquer une oeuvre, qu’elle soit numérique ou non.
Je ne vois pas trop en quoi “les médiateurs numériques et les développeurs d’application” pourraient remplacer les oeuvres : c’est déjà le cas, puisque des artistes s’emparent de ces outils (je pense à l’app Biophilia de Björk ou à l’app de Maurizio Cattelan pour le Guggenheim). Les artistes qui choisissent le numérique comme mode d’expression le font comme ils pourraient choisir la peinture, la sculpture ou la photo. Et de l’autre côté, les musées peuvent choisir de développer des outils numériques pour la médiation, ou des outils plus “classiques”. Le numérique n’intègre pas de fait la médiation, pas plus qu’un autre outil.
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