Retour sur les ateliers Wikimedia au Centre Pompidou

Logo du Centre PompidouLes 7 et 14 juin derniers, j’ai eu l’occasion de participer aux premiers ateliers Wikimedia organisés par le Centre Pompidou. Dans le cadre de la préfiguration du Centre Pompidou Virtuel, Gonzague Gauthier a convié quelques membres de la communauté du Centre à participer à deux rencontres avec des Wikipédiens, des membres actifs de Wikipedia, ainsi qu’à un bêta-test de l’application Blinkster CP pour les mobiles.

À l’automne prochain, le Centre Pompidou mettra en ligne une nouvelle version de son site, pour le moment appelée Centre Pompidou Virtuel (ou CPV). Celle-ci sera axée autour de contenus issus du centre de ressources de Beaubourg. L’objectif est de créer une espace de travail collaboratif dans lequel les visiteurs seront amenés à participer à la création de contenus entourant les œuvres. Ce contenu pourra ensuite être repris, corrigé, augmenté et validé par les conservateurs du Musée d’Art Moderne et des autres structures du Centre. La création de notices sur Wikipédia et leur consultation à partir de Blinkster CP sont deux des projets-satellites mis en place dans le cadre du CPV. Pour en savoir plus, je vous suggère de consulter le compte-rendu par CarpeWebem de la conférence “Stratégies virtuelles des musées” au cours de laquelle le projet a été présenté par Alain Seban, le 26 mai dernier, ainsi que la captation/transcription de Polemic Tweet.

De la visite guidée d’une salle à la rédaction de notices sur Wikipédia

Texte de salle, Constantin BrancusiLors du premier atelier, la quinzaine de participants (communauté du Centre et Wikipédiens réunis) a suivi la visite guidée de la salle 7 du Musée d’Art Moderne (au 4ème étage du Centre) par Jean-Paul Ameline¹. Dans cette salle, six tableaux de Fernand Léger, deux sculptures de Constantin Brancusi et une d’Henri Laurens. Non sans humour et avec beaucoup de pédagogie, le conservateur nous présenté les artistes et les œuvres, en insistant sur le travail de Léger. Ensuite, nous avons eu l’opportunité de rentrer dans la Bibliothèque Kandinsky pour découvrir les principes de base de Wikipédia et y faire des recherches sur les trois artistes. À noter : d’ordinaire, l’accès à la “BK” est réservé aux chercheurs (niveau master 2 et doctorat), dont les sujets le justifient.

Lors du second atelier, nous avons découvert l’usage de l’application Blinkster, puis travaillé à la rédaction de notices de quatre œuvres : Le Phoque II de Brancusi, La Tête de Laurens, Composition aux trois formes et le Réveil-Matin de Léger, sur laquelle j’ai travaillé en collaboration avec @AxelArwak. Cette fois, c’est la BPI (Bibliothèque publique d’information) qui nous accueillis pour une séance de travail conviviale et productive, comme le montre les notices que nous avons commencé à rédiger.

À propos de Blinkster

Page d'accueil du site de BlinksterL’application Blinkster, développée dans le cadre de Proxima Mobile, permet d’accéder à du contenu informatif en photographiant une œuvre (tableau, sculpture, affiche… et même architecture). Ce contenu est conçu par l’institution, par des amateurs ou par des experts. En s’associant, Blinkster et le Centre Pompidou propose l’application Blinkster CP, déjà disponible sur iTunes Store².

Question fonctionnalités, il n’est pour le moment pas possible d’ajouter des favoris et il n’existe pas de profil personnel sur la version mobile. Néanmoins, on peut consulter l’historique des œuvres vues, autant sur le mobile que sur la version web. Sur le site de Blinkster, je ne suis pas parvenu à me connecter pour retrouver mes photos et la page “My Blinkster” affiche une sorte de menu déroulant vide (j’ai essayé sur plusieurs navigateurs et même en me recréant un profil). Enfin, il n’y a pas non plus de fonctions sociales, comme la connexion à Twitter et/ou à Facebook, ce qui est bien dommage pour une application reposant sur le crowdsourcing, un travail collaboratif de production de contenu par le public.

En terme d’ergonomie, je regrette l’absence d’un bouton permettant de revenir rapidement à la prise de vue. Il faut revoir toutes les pages précédemment consultées avant le retour vers l’écran principal, ce qui est un peu laborieux. Le terme région d’intérêt, adapté à la version basique de Blinkster, me semble peu adapté pour le Centre Pompidou. Enfin, quelques bugs à noter (problèmes d’images associées, mauvais titres) mais surtout des erreurs de typographies qui sont pour le moins regrettables.

Capture d'écran de Blinkster : sculpture de KleinLe design est très générique sur la version iPhone (des retours de la version Android ?), pour ne pas dire sommaire, ce qui ne parasite pas la navigation, mais c’est un peu dommage pour une application de ce type. Développer une langage graphique adapté me semble important, au-delà des questions de branding et de marketing, d’un point de vue de l’identification. Comme pour toute application, il faut que l’utilisateur la reconnaisse au premier coup d’œil et sache qu’il est sur Blinkster.

J’aurai sans doute l’occasion de revenir sur cette évaluation, suite à la présentation du CPV et de Blinkster ce soir à 18h (mercredi 22 juin) au Centre Pompidou, dans le cadre de Futur en Seine. À voir également, Pixee, qui propose un service approchant. Pour le moment, Pixee se consacre uniquement aux affiches de films et de concert, mais des essais ont été tentés avec de la photographie, notamment lors du festival Circulation(s) en février dernier. Il serait intéressant de faire une étude comparative plus approfondie des deux applications.

Vers un site de musée du futur ?

Ces deux ateliers sont de très bonne augure pour le développement du CPV : les dimensions collaboratives et participatives pourront mener à des échanges de qualité entre les membres l’institution et une communauté d’amateurs passionnés et éclairés. Mais ils montrent aussi toute l’étendue du travail à effectuer pour la mise en place de nouvelles pratiques de travail et leur acceptation par une institution qui est appelée à se transformer en profondeur. Comme l’indique Florence Belaën dans son récent article Petite chronologie de l’usage du numérique, “La posture des institutions muséales n’est plus seulement de diffuser du contenu mais d’intégrer les multiples paroles et d’organiser, en tant que plateforme d’échanges, les différentes interactions et rencontres. Modification des postures et des pratiques, modification du statut des publics : ce ne sont plus des publics à qui on s’adresse et auxquels on offre du contenu mais des publics experts qui participent à la coproduction du contenu.”

¹ Je vous conseille l’interview de J-P Ameline dans 20 minutes, qui restitue l’humour et la pédagogie dont fait preuve le conservateur.
² Blinkster CP n’est pas encore disponible sur Android Market pendant cette phase de test, mais la version “classique” de Blinskter l’est.

Merci à Gonzague Gauthier pour sa disponibilité, ses précisions sur le projet et ses réponses à mes questions. Cet article a été repris dans une version corrigée et augmentée sur le Knowtex blog le 29/06/11.

4 Comments

  1. salut Sebastien, je suis intéressé par en savoir un peu plus sur l’atelier wikipedia (avec l’idée, selon, de faire la même chose par chez moi). qu’est ce qui motive les participants ? combien étiez vous ? comment avez vous choisi les artistes ? étiez vous novices dans la contribution wikipedia ? si oui est ce que la “formation” était efficace ? pourquoi y’a pas d’images ? est ce que ça vous motive (les contribs) à continuer par vous même ? qu’est ce qui était sympa ? qu’est ce qui était moins ? combien de temps il faut d’après toi ? combien d’articles par personne ? quel aide est la plus utile ?…

  2. Sébastien Magro

    Salut Samuel, merci pour ton commentaire ! Avec un peu de recul après publication, je me suis dit que je m’étais surtout concentré sur le contexte général du CPV plus que sur le déroulement, en effet. Voici les réponses à tes questions (mais il faudrait avoir la validation de Gonzague pour certaines infos) :

    Il y avait 5 Wikipédiens et environ 8 membres de la communauté du Centre (mais ça a varié entre les deux ateliers), plus une journaliste freelance lors du premier atelier. Les motivations étaient diverses, beaucoup par curiosité, quelques uns intéressés par les musées et les nouvelles technologies, d’autres plutôt curieux et passionnés d’art moderne/contemporains. En ce qui me concerne, c’est principalement parce que je prépare un sujet de recherche sur les dimensions collaboratives, participatives et sociales dans la médiation culturelle à travers les outils numériques.

    La salle 7 et les artistes nous ont été imposés par Gonzague qui avait préparé en amont l’atelier avec des conservateurs du MNAM, de la BK et de la BPI. Nous étions tous novices en Wikipédia, j’étais le seul a être intervenu sur un autre Wiki (http://forum.pvtistes.net/showwiki.php pour ne pas le nommer). La formation était efficace car les Wikipédiens ont été très pédagogues, passionnés, patients et prompts à partager leurs astuces. S’il n’y a pas de photos, c’est parce que je n’en ai pas prise beaucoup (mais il y en avait quelques unes dans le livetweet, notamment par @carolinegaume).

    Pour la contribution : oui, moi personnellement ça a plutôt tendance à m’encourager, sachant que la création d’un article de Wikipédia s’est avérée plus ludique et plus simple que je le pensais. Dans ce sens, je crois que ce type d’expérience a tendance à dédramatiser et décomplexer les personnes qui hésiteraient à se lancer. Il n’y avait pas assez de temps pour finaliser une vraie notice complète, les deux séances de 2h30/3h chacune nous ont permis de nous familiariser avec les oeuvres, puis avec les outils. La recherche à la BK et la BPI puis le travail de synthèse et de rédaction auraient sans doute bénéficié d’une séance de plus. Le fait de travailler à deux étaient une bonne chose pour se répartir les tâches. L’avantage était que je connaissais déjà un peu Axel avant de travailler avec lui, mais j’imagine que travailler avec quelqu’un qu’on n’a jamais rencontré peut être déconcertant.

    J’espère avoir couvert l’ensemble de tes questions et je te propose de compléter mes réflexions par courriel.

  3. Gauthier Gonzague

    Dasm, petit asocial ^^

    Le nombre de participants était plus précisément le premier jour :
    1/3 wikipédiens, 1/3 noyau dur des réseaux du CP, 1/3 de nouvelles têtes. Il a été difficile de refaire venir tout le monde le deuxième jour (2 personnes ont préféré ne pas revenir, l’une ayant un rendez-vous, l’autre ne désirant pas travailler sur ces oeuvres) – 1 personne avait fait faux bond dès le premier atelier.

    La forme des ateliers est forcément à revoir, car il s’agissait d’un test. A ce titre, merci à Dasm et Seb de leurs commentaires, ainsi qu’aux autres d’ailleurs.

  4. Pingback:Sébastien Magro / Omer Pesquer: « Le web participatif pour la culture »

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