Sur LinkedIn, je vois passer beaucoup de retours d’expérience sur la recherche d’emploi dans le secteur culturel. Certains sont des coups de gueule, d’autres des appels au secours, le mien est sans doute un peu des deux. J’ai décidé de le publier ici aussi parce que c’est mon blog, et j’en fais bien ce que je veux.
J’ai commencé à chercher un poste il y a un an, alors que ma situation financière était précaire et que les perspectives de développement de mon activité étaient minces.
Plutôt que la pêche au chalut, j’ai fait le choix de la pêche sélective : je ne réponds qu’à des annonces de postes pour lesquels j’estime avoir une vrai plus-valu, un vrai projet à défendre. J’évite les postes en communication, je me concentre sur la médiation, la documentation, la gestion de projet.
En septembre 2024, super échange avec une association du secteur, des gens formidables dont j’admire le travail, qui ne m’ont pas pris faute de budget et parce qu’un poste en distanciel intégral n’était pas envisageable. Aucune rancœur : au contraire, une vraie rencontre professionnelle et nous continuons à collaborer sous d’autres formes. Spoiler alert : c’est l’unique expérience positive de la liste.
En novembre 2024, candidature pour un poste en administration centrale, littéralement dans mon domaine d’expertise et pour lequel ma veille internationale aurait vraiment pu faire la différence. Pour une fois, j’ai reçu une réponse mais elle est négative, et même pas un entretien : “Nous avons reçu près de 200 candidatures”.
En décembre 2024, premier entretien pour une institution avec laquelle j’ai déjà collaboré : “Mais vous êtes sûr que vous n’allez pas vous ennuyer ? C’est un poste d’exécution, très peu créatif, vous savez”. Étonnamment, j’ai un deuxième entretien en janvier : “Et l’IA, vous en pensez quoi ? Et votre newsletter, elle est à charge ?” Sans réponse après plus d’un mois, je relance. Je reçois une réponse négative et générique.
Toujours en décembre 2024, je candidate dans un autre musée national pour un poste sur lequel là, aussi, sans fausse modestie, je pense avoir un projet à défendre. En parallèle, échanges courtois ici-même en MP avec le n+1. Puis plus rien. Fin janvier, je constate que le poste a été republié avec quelques modifications à la marge. Je relance, plus aucune réponse.
Au printemps dernier, mes charges de cours, quelques articles, des conférences et une mission de conseil m’assurent temporairement un revenu décent, m’éloignant des recherches d’emploi.
Cet été, je candidate pour un poste dans un musée national. Là non plus, aucune réponse et j’apprends par la bande que le poste a été pourvu après l’étude de près de 200 candidatures.
Cette rentrée, j’ai quelques articles en cours de rédaction et j’ai repris les cours, mais tout cela ne représente que quelques centaines d’euros qui me seront versés dans 3 à 6 mois. En tenant compte du temps de préparation, des dossiers administratifs sur lesquels il manque toujours une attestation ou un justificatif, du montage des partenariats pédagogiques avec les institutions, tout cela pour moins de 40€ nets de l’heure passée devant les étudiant·es, la réalité c’est que les cours sont quasiment du bénévolat. Et ce n’est guère mieux pour les piges, payées 50€ à 70€ nets le feuillet pour des dizaines d’heures d’interviews, de recherche, de lecture, de visites de musées.
Alors voilà, cinq ans après être devenu indépendant, le constat est le même : mon travail sur le rôle social des institutions patrimoniales est utile au secteur, il est valorisé par les professionnel·les qui s’y intéressent et s’en servent mais je ne suis pas parvenu à trouver un modèle économique viable et personne n’est en mesure de me payer pour le faire. Les échanges que j’ai avec quelques institutions aboutissent quasiment toujours au même point : “On adorerait travailler avec vous mais on n’a pas le budget, pas le cadre qui nous permettrait de vous rémunérer.”
On est donc arrivé au point où je suis en train de préparer un CV pour candidater à des boulots “alimentaires”. Plutôt qu’à un vernissage, peut-être me croiserez-vous prochainement dans votre épicerie bio de quartier ou à l’accueil de votre salle d’escalade, qui sait ?