On dirait que ça devient une habitude : ces trois dernières années, je n’ai quasiment rien publié d’autre ici que ce bilan annuel. Mais c’est un exercice pertinent, et je reviens fréquemment le lire l’année suivante, il me sert de ligne de conduite.
J’ai voyagé pour l’infolettre La botte de Champollion
Cette année, je me suis rendu à Madrid en janvier et à Barcelone en juin. En avril et mai, j’ai fait un voyage en Amérique du Nord qui a été l’occasion d’aller à New York, Washington, Baltimore et Montréal. Enfin, en septembre et octobre, je suis allé dans le Pacifique, d’abord en Australie à Sydney et Melbourne, puis en Nouvelle-Calédonie, à Nouméa et ailleurs dans l’archipel, à l’occasion du colloque Patrimoines insulaires. Chacun de ces voyages m’a permis de visiter des musées et de rencontrer des professionnel·les du secteur. Sur l’Amérique du Nord, j’ai publié un article pour ma newsletter et une interview dans le Quotidien de l’Art. Ces déplacements alimentent ma réflexion et donneront lieux à d’autres articles dans les mois à avenir dans ma newsletter et ailleurs. Bien que j’ai reçu de l’aide pour en financer certains, ces voyages constituent un important investissement budgétaire, et j’aborde l’aspect logistique dans le paragraphe dédié, plus bas.
J’ai donné 150h de cours
Pour la troisième année consécutive, j’ai repris les cours à Paris 8 et à Poitiers, respectivement sur les bases de la muséologie et de la médiation culturelle, et sur la communication institutionnelle et les tendances du secteur. Je suis intervenu à Sup de Pub et au CELSA sur les principes de la communication culturelle et au Dôme de Caen sur le rôle social des musées. J’aime toujours autant enseigner car je trouve très stimulant le contact avec les étudiantes et les étudiants, et parce que je considère qu’il est important de former de futur·es professionnel·les à des pratiques réflexives et inclusives. Mais ces enseignements sont très chronophages (j’ai tendance à ne pas être très regardant quand à mon investissement) pour une rémunération modeste. J’envisage donc de reconsidérer certains de mes cours l’an prochain, pour les recentrer sur les sujets qui sont les miens, dans une perspective de mutualisation de ma charge de travail.
Comme chaque année, merci à Morgan Corriou de l’Université Paris 8, à Marion Coville et Bruno Vetel de l’IAE Poitiers pour leur confiance réitérée, ainsi qu’aux autres contacts professionnels qui m’ont sollicité : Christophe Pascal (Sup de Pub), François Millet (Le Dôme), Sébastien Appiotti (CELSA).
J’ai écrit dans La Revue NEC
Cette année encore, la collaboration avec l’équipe d’indépendantes et d’indépendants constituée de Zoé Aegerter, Yaël Benayoun, Clément Mabi et Claire Richard, sous la houlette de François Huguet a continué autour des rencontres Numérique en commun(s). J’ai assisté à des NEC locaux à Toulouse et à Paris, et le format a évolué, les carnets donnant lieu à une revue dont deux numéros ont parus cette année : Empreinte écologique du numérique (j’y ai écrit un article de synthèse sur la thématique et fait deux interviews tirées du NEC Chambéry en 2022) et Santé et numérique (j’ai écrit sur l’appli AT-PrEP et les dispositifs de médiation numérique qui visent les seniors et les publics en situation de handicap). Un troisième numéro est en cours de préparation et sera publié en début d’année 2024, autour des enjeux de l’illettrisme et de l’illectronisme.
J’ai rejoint le programme Horizons de Creatis
Depuis septembre et jusqu’à janvier prochain, je fais partie de la 4e et dernière promo d’Horizons, un programme d’accompagnement des médias proposé par Creatis, qui s’adresse aux productrices et producteurs de podcasts, de newsletters et/ou de contenus vidéos. À ce titre, j’assiste à une série de masterclass animées par des professionnel·les de ces supports, et je bénéficie de séances avec Éric Villemin, coach spécialisé dans les médias numériques. Grâce à ses conseils et à son réseau, je me concentre actuellement sur la définition et la structuration de mon offre, ainsi qu’au choix d’un statut juridique pour mon activité.
Logistique et conditions matérielles de travail
Si j’ai pu voyager autant cette année, c’est parce que l’un de mes partenaires (je suis polyamoureux) se déplace fréquemment dans le cadre de son activité professionnelle. Dans certains cas, il m’est possible de l’accompagner, comme pour l’Amérique du Nord au printemps, où nous avons jonglé entre hébergements professionnels et hébergements chez les ami·es (et ami·es d’ami·es) mais j’ai toujours payé les transports moi-même. En ce qui concerne le Pacifique cet automne, l’organisation du colloque a pris en charge mon aller/retour Paris-Nouméa ainsi que l’hébergement sur place, et m’a versé des per diems, comme c’est l’usage. En revanche, le détour par l’Australie a été entièrement financé par mes propres fonds.
Je suis conscient du caractère privilégié de cette situation et je n’ai pas à me plaindre. Mon rythme professionnel me convient et j’ai la possibilité de travailler sur des sujets qui m’intéressent, dans des contextes stimulants. Mais je réalise aussi que je travaille énormément et, comme pour beaucoup d’indépendantes et d’indépendants, les frontières entre vie privée et vie professionnelle sont poreuses. Cette année, j’ai pris 3 semaines de vraies vacances, où j’ai vraiment décroché, et j’ai été malade 10 jours avec mon 4e Covid au retour de Nouméa.
Par ailleurs, je suis aussi très seul. Là encore, je n’ai pas à me plaindre, j’habite un appartement fonctionnel de taille raisonnable à Pantin, et j’ai un espace de travail adapté à mes besoins. Mais je ne dois pas oublier de m’aérer l’esprit en prévoyant des plages à l’extérieur, au café ou à la bibliothèque. Je sais également que les échanges avec d’autres professionnel·les, qu’il s’agisse de personne de mon réseaux ou de contacts plus éloignés, sont très stimulants et m’aident à lutter contre le sentiment d’isolement. La pratique du yoga (même si j’ai renoncé à enseigner, cf mon bilan de l’an dernier), les déplacements à vélo, l’escalade dans une salle près de chez moi, et la randonnée l’été permettent également d’assurer ma santé physique et mon équilibre psychique. Bien sûr, je ne pourrais pas faire tout ce que je fais sans le soutien de mes deux partenaires et de mes proches. Les échanges que j’entretiens avec ces personnes nourrissent ma réflexion et me permettent d’avancer, professionnellement et personnellement.
Malgré la diversité et l’intensité de mon activité professionnelle, ma situation financière est fragile : je suis très dépendant d’une poignée de clients réguliers et je ne suis pas parvenu à mettre en place un fond de roulement suffisant, mais l’accompagnement de Creatis m’a permis d’acquérir de meilleurs réflexes en comptabilité. C’est tout le paradoxe de ma situation actuelle : je remplis une tâche dont je sais qu’elle est utile (les nombreux retours que j’ai sur la newsletter me l’indiquent) mais je peine encore à la rendre financièrement viable.
Et demain ?
Comme chaque année depuis 4 ans, de janvier à avril, je serai pris par les enseignements. Je rempile à Paris 8 et à Poitiers pour mes cours habituels, et j’ai accepté des charges de cours plus modestes à Paris 3 et à l’ICART. J’ai quelques autres projets éditoriaux en complément de l’infolettre, dont j’espère parvenir à assurer une meilleure régularité grâce à un planning de production plus rigoureux. Il y aura sans doute quelques déplacements par-ci par-là, mais clairement pas aussi loin qu’en 2023 – et c’est une bonne nouvelle pour mon empreinte carbone.
Mais mon objectif principal pour l’année est de diversifier mes entrées et de pérenniser mon activité autour de l’héritage colonial et esclavagiste des institutions patrimoniales, dans le prolongement de mon infolettre. Au printemps, je dévoilerai une offre structurée de conférences courtes (1h à 2h), de formations (d’une demi-journée à deux jours complets) et de conseil éditorial (relecture, corrections et recommandations) sur le sujet.
L’actualité sociale en France et à l’international n’est pas réjouissante et les projections pour 2024 ne sont pas rassurantes. Serrons les rangs, restons concentré·es sur le positif : accordons du temps et de l’attention à ce que nous produisons – nous les minorisé·es, les queers, les racisé·es, les handi·es, nous qui sommes considéré·es comme les “autres” – dans une perspective inclusive et accessible, plutôt qu’aux fantasmes des réacs qui veulent nous diviser et nous faire rentrer dans le rang.