À l’occasion du centenaire de la naissance d’Henri Cartier-Bresson, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris présente la reconstitution d’une exposition itinérante réalisée à la fin des années 1970, rassemblant 70 tirages restaurés, et présentée sous sa forme originelle.
L’exposition offre une organisation assez fluide, cohérente, avec une articulation thématique. La présentation est claire, les textes et cartels sont précis et intelligibles. D’un point de vue formel, les tirages sont collés au mur, ce qui les rend plus proches, plus accessibles qu’encadrés. Cette désacralisation n’est pas sans évoquer certains accrochages de la photographie plasticienne contemporaine, comme par exemple dans l’exposition consacrée à Wolfgang Tillmans au Palais de Tokyo en 2002. Il y aurait lieu de se questionner quant aux modalités de présentation de la photographie au cours de ces 30 dernières années.
Le problème, lorsque je regarde une photographie d’Henri Cartier-Bresson, c’est que je vois une image générique. Je ne vois plus (ou presque plus) une image originale, neuve, nouvelle. Ses images font aujourd’hui tellement partie de notre patrimoine visuel commun, au point que cette familiarité atténue l’émotion que je devrais ressentir devant des photographies telles que “Le pélerinage de Palni, Tamil Nadas, Inde” (1950).
Néanmoins, le sens de la composition extraordinaire d’HCB, la rigueur avec laquelle il structure ses images et pour tout dire, son oeil, reste une véritable référence riche d’enseignement dans la lecture d’image : “La composition doit être une de nos préoccupations constantes, mais au moment de photographier elle ne peut être qu’intuitive, car nous sommes aux prises avec des instants fugitifs où les rapports sont mouvants. Pour appliquer le rapport de la section d’or, le compas du photographe ne peut être que dans son œil.”, extrait de L’instant décisif, préface à “Images à la sauvette” (1952).
Exposition présentée du 19 juin au 13 septembre 2009 au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.